Fort Rêveur Young

Fort Rêveur Young

"Jour pour jour, voici que 37 années se sont écoulées, depuis mes premiers pas, à la fois excité et peu rassuré, sous la voute, comme on dit dans le jargon de ceux qui l’ont emprunté. Un tunnel d’accès au merveilleux métier de sapeur-pompier, et dans une école au parfum sacré que l’on nomme la B.S.P.P.

C’est vrai, j’étais jeune et vaillant, et en m’engageant sous les drapeaux en espérant sauver d’autres peaux, je savais aussi que je m’évadais, d’un autre milieu que je fuyais à grandes enjambées, celui de l’école, des études, des salles de classe et des cahiers.

Au fond je ne l’ai jamais regretté tant ce premier métier m’a apporté, m’a permis d’avancer dans ma propre vie au contact de celles et ceux qui souffraient, et pour lesquels avec mes frères d’arme, nous nous engagions sans compter.

Et puis petit à petit les années ont passé, les mutations, les promotions, d’autres horizons, toujours sous l’uniforme des pompiers ont rythmé ma vie, mes envies, … jusqu’à ce fameux été qui restera à jamais gravé … pour lequel il m’a fallu tout repenser, et panser de sérieuses et profondes blessures aussi, à quelques années d’une retraite que j’imaginais pourtant bien méritée.

Je me suis d’abord proclamé en retrait, puis senti écarté, mis de côté, abandonné.

Le parcours du résilient résistant a commencé. Un nouveau tunnel à emprunter, un peu plus vouté, un peu plus voué à l’obscurité, un peu plus long aussi, sans trop savoir ce qui et ceux qui à la sortie m’attendait…Comme le parcours du combattant improvisé, à tenter de survivre comme il le pouvait, à la cinquantaine dépassée, se sentant trahi par une grande partie de la société.

Jusqu’à ce jour d’une nouvelle rentrée, parce qu’à l’école je retournais. Un clin d’œil de la vie qui décidait de me rattraper. Celle que j’avais fui à l’aube de mes 20 ans, et pour laquelle une boucle semblait se boucler. 

Alors peu à peu en moi, cette certitude s’est installée, me confiant dans le creux de l’oreille qu’il n’existe pas de nouvelle vie, de seconde peau. Qu’il y a juste des passages protégés et des tunnels à traverser, mais que la vie, elle, est toujours là, dans chacun de nos pas, à nous guider, nous accompagner, à célébrer victoires et défaites, coups durs et grands moments de joie, sans trop nous annoncer comment tout cela va se dérouler…

Mais qu'au plus profond de soi, rien ne sert de s'inquiéter. Il faut juste continuer d'avancer...

Cette vie qui parfois nous fait saigner, est la même que celle qui nous enseigne toutes ses vérités.

La vie est une école, la seule qui ne ferme jamais ses portes, y compris dans les premiers jours de l’Eté… Car c'est aussi à ce moment là que tout peut commencer !"

 

Nicolas Goudenove

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1 commentaire

Comme tu exprimes avec la merveilleuse légèreté de ton style, le propos même de ce que j’ambitionne modestement de transmettre. Tu en es un exemple parfait.

Marie-José Duboc

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